On cite souvent le proverbe supposé chinois « Une image vaut mille mots ».
Je n’y ai jamais cru.
D’abord parce que le proverbe est chinois : les Chinois ont une écriture traditionnelle basée sur des idéogrammes, et on peut donc supposer que les petits Chinois apprennent très tôt à décrypter les images, à lire l’image, ce qui n’est pas le cas des petits Occidentaux. Vous avez appris une grammaire de l’image à l’école primaire, vous ?
Mais bon, je bavarde là à propos de choses que je ne maîtrise pas. Laissons là les Chinois, et revenons aux mots et aux images.
Bien évidemment, il y a des choses difficiles à exprimer par l’image, et que je peux dire facilement avec des mots : « Passe-moi le sel » ou « Ce qui se conçoit bien s’explique clairement, les mots pour le dire arrivent aisément ».
En revanche, pour expliquer comment se rendre à un lieu, rien ne vaut une carte, qui est une image, ou plus exactement une image complétée de mots.
Une notice de montage d’un meuble peut se concevoir avec uniquement des images, c’est bien pratique lorsque le fabricant est suédois et qu’il exporte dans le monde entier. Mais ça ne vous manque pas, à vous, quelques mots d’introduction, une petite explication par-ci par-là ?
Mais le pire, en communication, c’est une image qui ne veut rien dire.
Le pire du pire, c’est une image de photothèque, ce sont les « photos pleines d’Américains qui se serrent la main »*. Allez, tiens, pour malgré tout illustrer mon article, je vous en ai mis une 😉
Les moteurs de recherche désemparés face à l’image
Google sait lire, Google ne sait pas regarder les images. Google voit qu’il y a des images, mais ne sait pas ce qu’il y a dedans, sinon les quelques mots de la balise alt. On imagine bien que Google serait bien content de pouvoir comprendre les images, ce qu’elles montrent, ce qu’elles expriment. On imagine que des légions de chercheurs se penchent sur la question. Ça n’avance pas d’un pouce.
Ce qui prouve au passage que regarder une image est bien une activité humaine supérieure, supérieure même à la lecture… Tiens, ben ça vient contredire mon propos, ça… Non non, ça vient juste souligner que tout cela est bien complexe.
Alors, mille mots ou une image ?
Les mots, c’est bien, les images, c’est bien aussi. En fait, c’est cette prétendue égalité d’une image avec mille mots, qui sous-entend qu’on a le choix, — soit une image, soit des mots — pour dire ce qu’on a à dire, qui est absurde et surtout contre-productive.
Nous, en communication d’entreprise, on a ces outils-là, les images et les mots, qui ont chacun leurs usages. Et on en ajoute un autre, le graphisme, qui lie le tout. Parfois, le graphisme prend le pas sur le contenu (mots et images), et la construction n’est alors plus faite que de ce liant. Mais c’est une autre histoire…
* les « photos pleines d’Américains qui se serrent la main » est une formulation de Julie, une de nos graphistes, pour décrire ces objets de photothèque qui polluent tant de plaquettes et de sites internet.
Pierre Réguer
PS. Cet article pèse 541 mots.
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