Remarque faite par le site d’info Rue 89 : les open space sont devenus silencieux ! Pourquoi ? Tout simplement parce que les salariés communiquent davantage par mail et par chat, même avec leurs voisins. Plus besoin de parler. Après une introduction plutôt drôle et bien vue, Elsa Fayner liste les avantages et inconvénients de ce phénomène.
Europe 1 reprenait ce thème et invitait Elsa Fayner, hier soir (Des clics et des claques, lundi 8 octobre 2012, 20 heures), pour un débat sur le sujet. Débat qui tourna bien vite à la critique de ces nouvelles technologies et nouveaux comportements.
Plus généralement, c’est le sujet à la mode : les réseaux sociaux, le mail, internet en général conduisent à des relations « virtuelles » et détruisent le dialogue et le contact direct, oral. Nos ados accros à Facebook et aux SMS seraient ainsi promis à une vie insipide, artificielle, pour tout dire « numérique ».
Heureusement, on trouve généralement un contradicteur à cette bien-pensance-c’était-mieux-avant qui fait remarquer que ces relations n’ont rien de virtuel, qu’elles peuvent tout à fait être sincères, profondes, enrichissantes, et qu’internet nous permet de les multiplier, d’en nouer et développer de nouvelles.
En revanche, personne ne remarque un fait qui me semble pourtant EXTRAORDINAIRE : la renaissance de l’écrit. On a connu quelques générations avachies devant la télé, une ou deux autres scotchées à leurs jeux vidéo, à peine une génération l’oreille collée au téléphone… Et voilà que les jeunes, et les autres, tout le monde, voilà que tout le monde se remet à écrire.
ÉCRIRE ! On était persuadé que cette activité allait disparaître à jamais, terrassée par l’audio-visuel, puis le multimédia, puis l’internet. Et voilà qu’il arrive le contraire ! Chacun écrit, de plus en plus, de plus en plus souvent. De plus en plus jeune. C’est une renaissance inouïe, inespérée.
On objectera que la qualité de l’écriture en question n’est pas forcément à la hauteur des espérances. Peu importe. Faut-il rappeler les avantages de l’écrit ? Les paroles s’envolent, les écrits restent, dit la sagesse populaire. Mieux encore, l’effort que nécessite l’écriture implique une réflexion, ou tout au moins un délai qui ne peut être que bénéfique, par rapport à une parole qui sort bien souvent avant d’avoir été pensée. Justement, écrire structure la pensée, et je suis persuadé que cette pratique quotidienne et généralisée de l’écriture, qui est encore assez récente, est en train de nous fabriquer une génération exceptionnelle.
Pierre Réguer